Spécimen des caractères en bois de la Fonderie Typographique Française.
Ce catalogue présente les caractères d’affiches en bois, des ornements ainsi que des galvanos, proposés dans les années 20 par la Fonderie Typographique Française, mais fabriqués vingt ans plus tôt par A. Martin et Cie.
La Fonderie Typographique Française.
La Fonderie Typographique Française (FTF) est créée en 1921, par la fusion des fonderies de caractères Turlot Saling, Durey et Berthier, Renault et Marcou, Huart. Ce type de fusion est rendu nécessaire par un marché en déclin dans l’immédiate après-guerre. Deux ans plus tard, la Fonderie Deberny et Peignotnaît à son tour par la fusion de la Fonderie G. Peignot & Fils et de la Fonderie Tuleu, Girard et Cie.
En 1969, la FTF devient Société nouvelle de la fonderie typographique française puis est cédée en 1974 à la Fundición tipográfica Neufville de Barcelone.
Les Caractères d’affiches bois et galvanos de la Fonderie Typographique Française.
Ce catalogue n’est pas daté, mais on peut le situer entre 1922 et 1930. À première vue, peu de création – et pour cause comme on le verra plus bas – on revisite des formes créées plus de 40 ans avant comme cet étonnant caractère de la page 162 dont on trouve le même esprit dans un catalogue Ploquin de 1883, quoique inversé et la forme pyramidale en plus (je cherche toujours le modèle exact, je ne crois pas à un dessin original ici). L’essentiel des dessins de caractères proposés est en effet déjà connu, voire un peu daté. Les encadrements et filets tout autant que les galvanos proposés ici sont encore au mieux de style Art nouveau. Ce qui questionne à cette date tardive et qui peut s’expliquer simplement. La FTF ne fabrique pas de caractères en bois.
Revendeur de caractères d’A. Martin et Cie
Dans ce spécimen, on peut voir l’offre d’une fonderie soucieuse d’élargir son catalogue pour répondre aux besoins de ses clients. Et supposer qu’à ce moment la fabrication des caractères bois était déléguée à des prestataires. Les manufactures exclusives – qui ne sont pas des fonderies mais fabriquaient et distribuaient en leur nom propre – fortes d’un catalogue hérité d’une existence remontant au siècle précédent (Dureau, Scherer, etc.), se sont manifestement mises à produire pour les fonderies traditionnelles tout en continuant à fournir les imprimeurs avec leur propre fonds.
Et ici en effet, il apparaît que les caractères proposés sont issus du fond du fabricant Suisse Auguste Martin (voir). Je n’ai pas trouvé de trace de liens entre la FTF et la fabrique A. Martin et Cie, mais il est sûr que nous sommes là dans la fin des années 1920, à une période ou la fabrique de Auguste Martin (mort en 1900, mais à qui succède son fils, également prénommé Auguste) connaît des difficultés. Ces aléas ont peut-être conduit Martin à accepter cette association avec la FTF, fourniture d’un gros lot d’invendus, Auguste n’a probablement plus les moyens de produire de nouveaux modèles, encore moins de publier un spécimen. La fonderie prend à sa charge la publication et se contente de reproduire, pour partie le modèle de Martin de 1905.
Quelques images pour s’en convaincre :
Certains caractères sont identiques à ceux proposés dans un catalogue conservé à la Bibliothèque Forney et qui plus est, les numéros de série sont également les mêmes. Par ailleurs, un autre spécimen Martin existe à Saint Bride Foundation et porte le même nom que celui de la FTF (et Saint Bride possède également le spécimen présenté ici).